Colart de BEAUFFORT
(1388 - 1461)


Les éléments qui suivent sont tirés de "La vauderie d'Arras" par Franck Mercier (Presses Universitaires de Rennes).

- page 11 : Colard de Beaufort, ancien chambellan du Duc de Bourgogne, fait partie de la deuxième série d'arrestations de vaudois d'Arras entre le 9 mai et le 22 juin 1460.
- page 12 : Une procédure d'appel est engagée devant le parlement de Paris. Le 16 janvier 1461, un huissier parisien faisait extraire de sa prison le vieux seigneur de Beaufort, désormais sous la proctection du parlement. Début juin 1461, débute à Paris le procès en appel.
- page 25 : La procédure d'appel a été engagée sans doute dès le mois de juin 1460 par les accusés les plus influents.
- page 102 : Le 21 mai 1461, l'avocat des vicaires rappelle comment trois ans auparavant, le chevalier avait fait la connaissance à Arras d'une femme commune nommée Pigneresse. C'était une sorcière ; c'est elle qui lui a fait connaître les vaudois. Elle lui demanda "s'il vouloit venir à une belle compaignie". Colart ayant donné son accord, tous deux s'envolèrent à califourchon sur un bâton pour le bois de Moflaines. Le banquet était présidé par un singe au pelage roux. Interrogé à son propos, le chevalier "répondit que, à son advis, s'estoit le diable". Il lui prêta hommage avant d'entrer dans la danse. Le défenseurs de vicaires ajoute qu'avant de regagner la ville, Colart de Beaufort "congneut charnellement ladite Pigneresse". [audience du 21 mai 1461 - AN X/2a/28, f.381v°]
- page 140 : Dans la soirée du 24 juin 1460 survient l'arrestation de Colart de Beaufort, chef de l'une des plus puissantes familles nobles de la ville. Son arrestation crée une profonde stupeur. Colart de Beaufort était un vénérable vieillard de plus de 70 ans, ancien chambellan de Jean sans Peur, seigneur banneret. Plusieurs membres de son entourage sont incarcérés dans la foulée : Roquet Rolequin (valet de confiance du seigneur) et Jacques Guillemant (gérisseur "de fièves par parolles"). [Du Clercq, op. cit., IV, chap.7, p.33-35]
- page 147 : Le vieux seigneur réclama en vain, après son arrestation, une audience à Jean de Bourgogne (proche du Duc) qui se trouvait à Arras pour soutenir la répression. [Du Clercq, op. cit., IV, chap.7, p.34-35]
- page 150 : Les archives du Parlement de Paris font allusion à une récente "guerre d'amis" opposant Philippe de Saveuses (ardent défenseur des intérêts bourguignons en Artois ; il prête main forte aux juges ecclésiastiques) au clan de Colart de Beaufort. Longtemps alliés, les deux familles et leurs clientèles respectives se seraient brouillées peu de temps avant les événements. Saveuses en aurait profité pour mettre en difficulté son nouvel adversaire. - page 152 : Devant le Parlement de Paris, l'avocat du Duc de Bourgogne déclare que l'arrestation de Colart de Beaufort a été faîte à la demande de son maître. Jean de Popaincourt, avocat de Colart de Beaufort, réplique que son client "ignorait que sa prise eust esté fete du commandement de Bourgoigne et du gouverneur d'Arras car le lieutenant qui le prit lui dist l'avoir fait du commandement du comte d'Estampes" (Jean de Bourgogne). [AN X/2a/32 f.31v° et f.32r°]


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ELEMENTS RECUEILLIS DE DIVERSES SOURCES, MAIS NON RECOUPEES :
Attention, il faut être très prudent avec ce qui suit. Par exemple, Colart de Beaufort a été l'un des rares prévenus à n'avoir jamais été torturé. De même, il n'a pas été exécuté.

Colart Payen DE BEAUFFORT est né en 1388.
Il est décédé le 8 juillet 1461 à Arras.
Colart a épousé Jeanne D'OLHAIN.

Seigneur de Beaufort, baron de Ransart, chevalier banneret du comté d'Artois, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne, capitaine et bailli d'Avesnes et d'Aubigny.

Il avait le surnom de Payen.

Un acte du mois d'août 1433 fait état d'une remise à Payen de Beauffort des droits de relief par lui dus au château de Beuvry à cause d'un fief sis au territoire de la Bourse que lui avait jadis conféré en considération de son mariage avec sa fille, Jacques d'Ollehain. Il acheta les seigneuries de Beaumetz-Pourchelet en 1434, Wailly, Monchy-au-Bois et Blairville (qui avait le titre de baronnie), Ficheux en 1438, Montenescourt en 1439, Grandcourt et Brétocourt en 1440, Bienvillers conjointement avec son épouse en 1444, Blavincourt la même année. Il vendit le 10 décembre 1444 à l'abbaye St Vaast, certaines rentes que lui devait cette abbaye. Il céda par le même acte un tiers de la dîme qu'il avait le droit de percevoir à l'encontre du chapitre d'Arras sur la paroisse de St Sauveur les Arras, à cause de la baronnie de Blairville.

Il eut plusieurs enfants naturels : Regnault (marié à Isabeau ou Jeanne le Rogier), Colart (marié à Marie Billet), Quentin (marié à Marie Pellet) et Jean.

Il épousa avant 1434 Jeanne d'Ollehain

Le Chevalier Colart de BEAUFFORT, dit " Payen ", ancien conseiller et chambellan du Duc de Bourgogne, fut victime de l'Inquisition. Elle fut établie en Artois au XIIIème siècle. Philippe Le Bon établit à Arras une chambre ardente sous la direction de l'Inquisiteur Pierre Broussart, de l'ordre de Saint-Dominique. C'est en 1459 qu'eut lieu la célèbre affaire des Vaudois d'Arras, du nom du principal accusé, Robinet De Vaux, natif de Béthune (Eugène Béghin). Les héritages furent confisqués au profit du Duc de Bourgogne, et les biens mobiliers au profit de l'Evêque, pas désintéressé ...
Colart fut jugé le 22 octobre 1459 comme Vaudois (sorcier), après que le grand Inquisiteur lui eût arraché des aveux par la torture dans la géhenne de l'évêché d'Arras. Dom Devienne, qui reprend le manuscrit de J. Du Clercq tome III conservé dans la bibliothèque de l'Abbaye St Vaast, nous rapporte que ce digne septuagénaire fut monté sur un échafaud, mîtré, sermonné, battu de verges en public torse nu, " pour avoir consenti au vouloir de mauvaises femmes, lesquelles furent arses (brûlées comme sorcières). Sur leurs exhortations, il aurait pris un bâton et oint le dit bâton et ses mains d'oignement qu'on lui avait baillé (est ajoutée la recette de cet onguent, qui est digne du Petit Albert : quand ils étaient à la Sainte Table (de communion), ils devaient prendre l'hostie, la mettre dans un vase avec des crapauds jusqu'à ce qu'ils l'eussent consommée. Ils pilaient ensuite ces animaux avec des os de chrétiens pendus, du sang d'enfant et des herbes...), Il aurait mis le dit bâton entre ses jambes (le balai des sorcières). Incontinent, de son hôtel particulier de la Quiefvrette où il se trouvait, en la ville d'Arras, il fut transporté par l'ennemi d'enfer, la première fois au bois de Mofflaines à une lieue d'Arras, en la vauderie (sabbat) où il y avait plusieurs hommes et femmes sous la conduite de l'Abbé (surnom d'un des inculpés : Jean Labite), et là, il rendit hommage au diable d'enfer, lequel y présidait en forme de singe, et lui baisa les pieds. Le diable lui requit son âme, et il lui donna quatre cheveux ; en ladite vauderie, il connut une femme charnellement. Il aurait été deux autres fois au dit sabbat, et en d'autres lieux ; une seconde fois à Hautes-Fontaines près d'Arras, où il se rendit à pied, en plein jour après dîner (le seul Haute-Fontaine que nous connaissions est un hameau de Crémarest, dans la forêt de Desvres), et y était là le diable en forme de chien ; et le diable disait qu'ils n'avaient point d'âmes, et que quand ils mouraient, tout mourait ; là, il leur défendit d'aller à l'église, de se confesser et de recevoir le corps de Notre Seigneur Jésus Christ, de prendre de l'eau bénite (et s'ils en prenaient, il fallait qu'ils prononcent cette formule : " N'en déplaise à Notre Maître "), et de faire tout ce que tout chrétien doit faire et est tenu de faire ; et là le chevalier lui promit de lui obéir. Et la troisième fois fut la vauderie en un bosquet près d'Arras...

Colart fut condamné à sept années d'emprisonnement et à une lourde amende. Ses fils vinrent, en armes le faire sortir de prison. Mais il fut de nouveau appréhendé et exécuté en 1461, torturé, rompu, lacéré puis brûlé. Il fut réhabilité en 1491, mais hélas, il était trop tard ...



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Cf. travaux de Mr MARQUIS
Cf. Mémoire de Jacques du Clercq, escuier, Sieur de Beauvoir en Ternois, commençant en 1448 et finissant en 1467. (Ed. Collection des Mémoires relatifs à l'Histoire de France - Tome 11 - 1826 - BNF et collection personnelle de Michel Soyez)



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Site Web d'Arras
(http://www.atrebatie.com/textes/histoire_medievale/guerre_bourgogne.htm)
La Vauderie d'Arras (1459 - 1491) :
En 1459, le dominicain Pierre le Broussart, inquisiteur du diocèse d'Arras, assiste à Langres au procès d'un ermite artésien, qui, avant d'être brûlé comme vaudois, dénonce sous la torture deux de ses compatriotes : le peintre arrageois Jean Lavite et une douaisienne La Deniselle. Les aveux arrachés aux accusés mêlent la sorcellerie à l'hérésie, et le diable y est omniprésent.
Jean Lavite est exécuté ainsi que quatre filles de joie et tous avant de mourir avaient rétracté leurs aveux. Mais, on s'en prend bientôt à des échevins, des bourgeois et des nobles (Payen de Beauffort, Antoine Sacquespée, Jean Josset).
Le parlement de Paris finit par être alerté, et le 25 janvier 1461, un huissier escorté de 30 compagnons, fait libérer les prisonniers. L'affaire est close 30 ans plus tard, en juillet 1491, date où on assiste à une réparation solennelle en présence de plus de 10 000 personnes.